Cette fosse est pleine de morts. Je suis le seul vivant. Je ne suis pas un survivant. Je suis une erreur. Ils ne m’ont pas calculé. Par hasard échappé de leur massacre ordonné et parfait. Et maintenant je profite de ces pauvres autour de moi. J’imite leur mortalité. Je joue une simulation. Quand autrefois confusément j’imaginais de tels charniers dans nos histoires saturées de charniers, je me disais, ce qu’on ressent c’est de l’horreur, seulement de l’horreur, l’horreur des horreurs. Mais moi, je ressens de la honte. J’ai honte de ne pas être mort. J’ai honte de ne pas avoir la correction de sortir de ce monceau de corps et de demander : « Pardonnez-moi de vous déranger, mais vous m’avez oublié ». Mais je me suis tu. Je suis un profiteur de guerre corrompu qui a peur pour son cul. Mon dieu, c’est l’horreur ici. Vous devez voir ça ! Comme ça, d’en bas, comme moi.

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