1 / 2  
 
 
A l'infinito m'ergo

E chi mi impenna, e chi mi scald' il core?
Chi non mi fa temer fortuna o morte?
Chi le catene ruppe e quelle porte,
onde rari son sciolti et escon fore?
L'etadi, gli anni, i mesi, i giorni e l'ore
figlie et armi del tempo, e quella corte
a cui ne' ferro, ne' diamante e' forte,
assicurato m' han dal suo furore.
Quindi l'ali sicure a l'aria porgo,
ne' temo intoppo di cristall' o vetro;
ma fendo i cieli, e a l'infinito m'ergo.
E mentre dal mio globo a gli altri sorgo,
e per l'eterio campo oltre penetro:
quel ch'altri lungi vede, lascio al tergo.

Giordano Bruno, De l'infinito, universo e mondi, Proemiale Epistola (in Opere italiane, Torino, Utet, 2007, p. 31).


Emile Cioran citations

Il m'arrive d'éprouver une sorte de stupeur à l'idée qu'il ait pu exister des "fous de Dieu", qui lui ont tout sacrifié, à commencer par leur raison. Souvent il me semble entrevoir comment on peut se détruire pour lui dans un élan morbide, dans une désagrégation de l'âme et du corps. D'où l'aspiration immatérielle à la mort. Il y a quelque chose de pourri dans l'idée de Dieu!
Des larmes et des saints

Le seul argument contre l'immortalité est l'ennui. De là dérivent d'ailleurs toutes nos négations. Des larmes et des saints

Toute croyance rend insolent ; nouvellement acquise, elle avive les mauvais instincts ; ceux qui ne la partagent pas font figure de vaincus et d'incapables, ne méritant que pitié et mépris. Observez les néophytes en politique et surtout en religion, tous ceux qui ont réussi à intéresser Dieu à leurs combines, les convertis, les nouveaux riches de l'Absolu. Confrontez leur impertinence avec la modestie et les bonnes manières de ceux qui sont en train de perdre leur foi et leurs convictions...
Syllogismes de l'amertume

Pour manier les hommes, il faut pratiquer leurs vices et en rajouter. Voyez les papes : tant qu'ils forniquaient, s'adonnaient à l'inceste et assassinaient, ils dominaient le siècle ; et l'Église était toute-puissante. Depuis qu'ils en respectent les préceptes, ils ne font que déchoir : l'abstinence, comme la modération, leur aura été fatale ; devenus respectables, plus personne ne les craint. Crépuscule édifiant d'une institution. - Syllogismes de l'amertume Je sais que ma naissance est un hasard, un accident risible, et cependant, dès que je m'oublie, je me comporte comme si elle était un événement capital, indispensable à la marche et à l'équilibre du monde. - De l'inconvénient d'être né Quand on revoit quelqu'un après de longues années, il faudrait s'asseoir l'un en face de l'autre et ne rien dire pendant des heures, afin qu'à la faveur du silence la consternation puisse se savourer elle-même.
De l'inconvénient d'être né

Le non-savoir est le fondement de tout, il crée le tout par un acte qu'il répète à chaque instant, il produit ce monde et n'importe quel monde, puisqu'il ne cesse de prendre pour réel ce qui ne l'est pas. Le non-savoir est la gigantesque méprise qui sert de base à toutes nos vérités, le non-savoir est plus et plus puissant que tous les dieux réunis.
De l'inconvénient d'être né

N'importe qui se sauve par le sommeil, n'importe qui a du génie en dormant: point de différence entre les rêves d'un boucher et ceux d'un poète. Mais notre clairvoyance ne saurait tolérer qu'une telle merveille dure, ni que l'inspiration soit mise à la portée de tous: le jour nous retire les dons que la nuit nous dispense. - La tentation d'exister L'expression n'étant pas de taille à se mesurer avec les événements, fabriquer des livres et s'en montrer fier, constitue un spectacle des plus pitoyables: quelle nécessité pousse un écrivain qui a écrit cinquante volumes à en écrire encore un autre? pourquoi cette prolifération, cette peur d'être oublié, cette coquetterie de mauvais aloi?
La tentation d'exister

Si l'homme avait eu la moindre vocation pour l'éternité, au lieu de courir vers l'inconnu, vers le nouveau, vers les ravages qu'entraîne l'appétit d'analyse, il se fût contenté de Dieu, dans la familiarité duquel il prospérait.
La chute dans le temps

L'impossibilité de s'abstenir, la hantise du faire dénote, à tous les niveaux, la présence d'un principe démoniaque. - La chute dans le temps Si l'homme n'est pas près d'abdiquer ou de reconsidérer son cas, c'est qu'il n'a pas encore tiré les dernières conséquences du savoir et du pouvoir. Convaincu que son moment viendra, qu'il lui appartient de rattraper Dieu et de le dépasser, il s'attache - en envieux - à l'idée d'évolution, comme si le fait d'avancer dût nécessairement le porter au plus haut degré de perfection. A vouloir être autre, il finira par n'être rien ; il n'est déjà plus rien. Sans doute évolue-t-il, mais contre lui-même, aux dépens de soi, vers une complexité qui le ruine. Devenir et progrès sont notions en apparences voisines, en fait divergentes. Tout change, c'est entendu, mais rarement, sinon jamais, pour le mieux. Infléchissement euphorique du malaise originel, de cette fausse innocence qui éveilla chez notre ancêtre le désir du nouveau, la foi à l'évolution, à l'identité du devenir et du progrès, ne s'écroulera que lorsque, parvenu à la limite, à l'extrémité de son égarement, l'homme, tourné enfin vers le savoir qui mène à la délivrance et non à la puissance, sera à même d'opposer irrévocablement un non à ses exploits et à son œuvre.
La chute dans le temps

Certains problèmes, une fois approfondis, vous isolent dans la vie, vous anéantissent même : alors on a plus rien à perdre, ni rien à gagner. L’aventure spirituelle ou l’élan indéfini vers les formes multiples de la vie, la tentation d’une réalité inaccessible ne sont que simples manifestations d’une sensibilité exubérante, dénuée du sérieux qui caractérise celui qui aborde des questions vertigineuses. Il ne s’agit pas ici de la gravité superficielle de ceux qu’on dit sérieux, mais d’une tension dont la folie exacerbée vous élève, à tout moment, au plan de l’éternité. Vivre dans l’histoire perd alors toute signification, car l’instant est ressenti si intensément que le temps s’efface devant l’éternité. Certains problèmes purement formels, si difficiles soient-ils, n’exigent nullement un sérieux infini, puisque, loin de surgir des profondeurs de notre être, ils sont uniquement les produits des incertitudes de l’intelligence. Seul le penseur organique est capable de ce type de sérieux, dans la mesure où pour lui les vérités émanent d’un supplice intérieur plus que d’une spéculation gratuite. A celui qui pense pour le plaisir de penser s’oppose celui qui pense sous l’effet d’un déséquilibre vital. J’aime la pensée qui garde une saveur de sang et de chair, et je préfère mille fois à l’abstraction vide une réflexion issue d’un transport sensuel ou d’un effondrement nerveux. Les hommes n’ont pas encore compris que le temps des engouements superficiels est révolu, et qu’un cri de désespoir est bien plus révélateur que la plus subtile des arguties, qu’une larme a toujours des sources plus profondes qu’un sourire. Pourquoi refusons-nous d’accepter la valeur exclusive des vérités vivantes, issues de nous-mêmes ? L’on ne comprend la mort qu’en ressentant la vie comme une agonie prolongée, où vie et mort se mélangent. […]
Sur les cimes du désespoir

Que l'homme perde sa faculté d'indifférence: il devient assasssin virtuel; qu'il transforme son idée en dieu: les conséquences en sont incalculables. On ne tue qu'au nom d'un dieu ou de ses contrefaçons. Les époques de ferveur excellent en exploits sanguinaires: Ste Thérese ne pouvait qu'etre contemporaire des autodafés, et Luther du massacre des paysans... Le diable paraît bien pâle auprès de celui qui dispose d'une vérité, de sa vérité. Les vrais criminels sont ceux qui établissent une orthodoxie sur le plan religieux ou politique, qui distinguent entre le fidèle et le schismatique. Lorsqu'on se refuse à admettre le caractère interchangeable des idées, le sang coule... Regardez autour de vous: partout des larves qui prechent; chaque institution traduit une mission... La société est un enfer de sauveurs! Ce qu'y cherchait Diogène avec sa lanterne, c'était un indifférent... Il me suffit d'entendre quelqu'un parler sincèrement d'idéal, d'avenir, de philosophie, de l'entendre dire "nous" avec une inflexion d'assurance, d'invoquer "les autres" et s'en estimer l'interprète pour que je le considère mon ennemi... On se méfie des finauds, des fripons, des farceurs; pourtant, on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l'histoire... L'humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu'elle connut... Le fanatique, lui, est incorruptible: si pour une idée, il tue, il peut tout aussi bien se faire tuer pour elle; dans les deux cas, tyran ou martyr, c'est un monstre; les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyres auxquels on n'a pas coupé la tete... Dans tout homme sommeille un prophète, et quand il s'éveille il y a un peu plus de mal dans le monde...
Précis de décomposition

Le meilleur moyen de consoler un malheureux est de l'assurer qu'une malédiction certaine pèse sur lui. Ce genre de flatterie l'aide à mieux supporter ses épreuves, l'idée de malédiction supposant élection, misère de choix.
Écartèlement

Le sceptique est le désespoir du diable. C'est que le sceptique, n'étant l'allié de personne, ne pourra aider ni au bien ni surtout au mal. Il ne coopère avec rien, même pas avec soi.
Cahiers 1957-1972

Pendant des siècles des esprits se sont battus et ont risqué leur vie pour se libérer de Dieu. Et nous, au milieu du XXe, nous regrettons les chaînes qu'Il représentait et ne savons que faire d'une liberté pour laquelle nous n'avons fait aucun sacrifice, que nous n'avons pas conquise. Nous sommes les héritiers ingrats de l'athéisme héroïque, les épigones de la révolte, une masse de rebelles qui déplorent secrètement la disparition des "superstitions", des "préjugés" et des anciennes "terreurs
Cahiers 1957-1972

http://planetcioran.blogspot.com/2006/10/citations-franais.html Le Corrupteur corrompu : Barbarie et méthode de l'écriture de Cioran


-------------------------------------------------





Il suono è una memoria certa e radicata dove, spesso, restano occulte le origini più remote. Sono convinto che, da qualche parte, ascoltavo "Chariots", nel sessantuno, quando ero ancora dentro il ventre di mia madre. Dietro questo suggestivo scenario, proprio perché privo di riscontri, sono solito investire di magia tutti i miei più attenti ascolti, quelli cosiddetti in "full immertion". Ed allora ecco che, alla fatidica soglia dei quarant'anni, ci si può anche ritrovare ad ascoltare qualche vecchio 78 giri di Bassie Smith, Amstrong od altro ed avere la chiara sensazione che, da qualche parte, senza che allora fossi stato neppure pensato, dentro quelle lontane note era, nondimeno, presente la mia stessa essenza. Durante gli anni sessanta non ero che un bambino i cui ricordi fluttuano, a tratti, sconfinando in lunghe zone nere dove qua e là emergono pochi particolari eventi. Con la musica è tutt'altra storia; ogni canzone di quell'epoca mi riporta ad un chiaro dettaglio, talvolta inverosimile e sempre con la convinzione di averlo comunque vissuto in prima persona. "Get it back" dei Beatles rimarrà per sempre il 45 giri regalato da mio cugino a mia sorella cosi come "In a gadda da vida" degli Iron Butterfly resterà, indelebile, la sigla della trasmissione radiofonica Supersonic; ma come spiegarsi il profumo di campagna che evoca "Happy together" dei Turtles o la ragazza senza volto pronta a divincolarsi tra le note di "I can't control" dei Troggs? Fin dalla mia prima adolescenza, in modo del tutto inconsapevole, avevo già intuitivamente associato suoni e memorie sfuggite allo stesso tempo. Ero finalmente riuscito a farmi regalare un piccolo registratore a cassette della Philips, dopo aver a lungo tormentato mio padre, ed iniziavo ad archiviare quel meraviglioso universo dei suoni: quella che sarebbe stata la colonna sonora della mia vita.

Enrico Pietrangeli


-------------------------------------------------





Song-tseu s’est transformé sur le Kin-hoa1 ;

Ngan-ki a pénétré jusqu’au Pong-laï 2 ;

Ces personnages obtinrent l’immortalité dans l’âge antique,

Ils ont pris leur essor, soit ; mais enfin où sont-ils ?

La vie est comme un éclair fugitif ;

Son éclat dure à peine le temps d’être aperçu.

Si le ciel et la terre sont immuables,

Que le changement est rapide sur le visage de chacun de nous !

O vous, qui êtes en face du vin et qui hésitez à boire,

Pour prendre le plaisir, dites-moi, je vous prie, qui vous attendez ?

1. Song-tseu était un bouddhiste, que la mythologie chinoise place au nombre des immortels. Il se brûla lui-même sur le mont Kin-hoa afin d’obtenir plus vite sa transformation ; c’est-à-dire le passage de cette vie à une autre. 2. Ngan-ki, au contraire, devint immortel sans changer de corps. C’était un vieillard qui herborisait dans les montagnes et vendait ensuite des remèdes et des élixirs aux habitants des bords de la mer. Il y avait déjà plus de mille ans que les hommes du pays de Loung-nié, qui, de génération en génération, avaient appris à le connaître, le voyaient apparaître de temps à autre, quand Thsin-chi-hoang-ti voulut aussi le voir. L’empereur s’entretint avec lui durant trois jours et trois nuits, et fut si frappé de la netteté avec laquelle il lui parlait des siècles passés, en lui racontant les choses les plus curieuses, qu’il ne se lassait point de l’entendre et qu’il lui offrit de très riches présents. L’immortel les accepta, mais on les retrouva tous ensuite à une grande distance ; il les avait abandonnés. De son côté, il avait offert à l’empereur une paire de pantoufles en jade rouge, en lui promettant que, dans quelque mille années, ils se reverraient au Pong-laï, montagne imaginaire, sorte d’Olympe situé au milieu des mers, où la mythologie chinoise place la patrie des immortels.

poesies de Li Bai traduites


-------------------------------------------------





La fièvre - NTM 204 Ce titre est extrait de l'album : Paris sous les bombes Année de sortie : 1995 | Label : Epic Paroles La fièvre (Kool Shen) Tout a débuté un matin quand à dix heures dix Je fus tiré du lit par l'emmerdeur de service Mon voisin du dessus, en bon fan d'Elvis Passe ses week-ends à foutre à fond De lives de Memphis Le pire, c'est que je n'ai quasiment pas dormi de la nuit. Sache qu'hier au soir, je suis sorti, mec, Jusqu'à six heures du mat. Tu peux comprendre ça? Ça ne me fait pas plus de quatre heures de sommeil, exact! Je vais encore passer la journée la tête dans les vapes. En plus, j'ai des rendez-vous importants, des interviews... Ça risque d'être chaud, je suis de mauvaise humeur je l'avoue. Mais j'assume. Je contrôle. D'ailleurs, je suis déjà au volant de ma caisse, Direction les Abesses, Où j'ai rendez-vous avec L'homme que l'on nomme Joey, Joey Starr. Mais j'ai pas fait 500 mètres que les keufs m'arrêtent, Et me prient de me mettre sur le coté afin de me soumettre À un contrôle d'identité, simple formalité, Quand on a ses papiers. Mais voilà, là, je les avais pas sur moi. J'ai donc été invité au commissariat, où là, Ils m'ont mis la fièvre pendant, pendant des heures... Refrain Mais ils m'ont mis la fièvre... Pendant des heures, et ils m'ont mis la fièvre pendant des heures (JoeyStarr) Putain, trois heures maintenant que je l'attends... Marre de faire la borne kilomètrique comme trop souvent. Le revoyant, me précisant, en insistant, Qu'il me faut arriver dans les temps pour un truc important. Quand apparaît devant moi une bitch. C'est mal barré pour que je reste planté là, C'est mal barré, faut que je me décide et fasse mon choix, Temps de réaction: très net, c'est net. J'ai plus qu'une seule idée en tête: Faut que je la serre! Avant que ça ne me manque, il faut qu'on fasse la paire. Mais il faut que je tempère mon excitation, Car j'ai déjà la fièvre à la vue de ce canon. Donc sous hypnose, trop contemplatif, je n'ose... Non, non, non, laissez-moi un peu de temps, c'est pas le bon moment! Je sais, j'ai pas la journée mais je peux prendre tout mon temps, tant il lui plaît que je lui fasse du rentre-dedans. Cette forme qui s'ondule, moi ça j'aime, tant pis pour Kool Shen, Je la lâche pas, non, j'enchaîne, comme se le doit l'orfèvre. Jamais, jamais d'un coup deux lièvres. Alors, pendant des heures... Refrain Mais elle m'a mis la fièvre... Pendant des heures, et elle m'a mis la fièvre pendant des heures (Kool Shen) Oh, mais ils m'ont mis la fièvre, pendant des heures. Je suis resté assis sur un banc, contre le radiateur. J'avais pourtant des choses à faire. J'avais beau leur répéter, mais y'avait rien à faire. C'était définitivement pas mon jour: Déjà le rock au réveil, j'étais pas vraiment pour... Y'a des jours comme ça où tout ne va pas pour le mieux, Y'a des jours où tout part en couille, tout coule... (JoeyStarr) Parle pour toi, neshè, car pour moi ce fut terrible, J'ai passé la journée avec une meuf terrible! Une bitch de magazine, beaucoup plus bonne que la plus bonne de tes copines! Donc, je te laisse imaginer la suite, Je te fais pas de dessin, ça risque d'être censuré dans le clip, Mais bon, il n'y eut pas de répit, pas de trêve... Pendant des heures et des heures, Refrain Je lui ai mis la fièvre... Pendant des heures, je lui ai mis la fièvre pendant des heures